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Les chefs d'entreprise ne se comportent pas comme les livres le disent


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Chères lectrices et chers lecteurs, dans ce tout premier article nous allons aborder un sujet assez peu connu des entrepreneurs mais qui mérite vraiment qu'on en parle : il s'agit de l'effectuation. Ici, nous sommes loin du mythe du créateur d'entreprise visionnaire qui va révolutionner le monde et qui fait des business plans. Vous le verrez, l'effectuation est un esprit entrepreneurial plus humble et essentiellement basé sur l'action.

 


Entreprendre, c'est construire avec les autres


Tout d'abord, il faut bien avoir à l'esprit que l'entrepreneuriat est un processus social qui doit se construire avec les autres. Dans la vie, on ne réussit jamais seul. Ce serait présomptueux de penser le contraire et surtout très faux. Et l'effectuation part de ce postulat.


C'est Philippe Silberzahn, professeur de stratégie à L'EM Lyon Business School, qui va en quelque sorte importer en 2013 cette logique de pensée (au nom un peu barbare il faut bien le dire) des Etats Unis jusqu'en France. Car l'effectuation est née aux USA à la fin des années 90. Saras Sarasvathy (qui sera des années plus tard nommée l'une des 18 meilleurs professeurs d'entrepreneuriat par le magazine Fortune Small Business) engage des travaux sous la direction d'Herbert Simon, détenteur du prix Nobel d'économie en 1978 (et oui rien que ça). Sans rentrer dans les détails de cette étude, Saras Sarasvathy parvient, en fait, à expliquer comment raisonnent et agissent réellement les entrepreneurs dans leur démarche de création.


Elle découvre en effet que les chefs d'entreprise ne se comportent pas comme il l'est dit dans les livres de sciences de gestion. Ils agissent selon une démarche "effectuale", c'est à dire qu'il partent des ressources qu'ils ont sous la main pour passer à l'action. Et non de manière "causale", qui est la stratégie classique consistant à définir des buts et trouver ensuite les ressources nécessaires. C'est en agissant de manière "effectuale" que l'entrepreneur peut saisir les opportunités et créer le marché dont il a besoin.

 


Les 5 grands piliers de l'effectuation


L'effectuation se base sur 5 grands principes :


Le premier pilier consiste à "Démarrer avec ce qu’on a". Cela commence par assumer sa propre personnalité et à faire avec. Un petit travail d'introspection s'impose donc pour savoir qui l'on est. Quelles sont nos qualités, nos défauts, notre caractère, nos envies, etc. "Démarrer avec ce qu'on a", c'est également faire l'inventaire sur ce que l'on connaît. Là nous allons nous demander ce que l'on sait faire, quelles sont nos compétences dans tel ou tel domaine et nos moyens pour agir. Attention, il est important de toujours voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. Enfin, "Démarrer avec ce qu'on a", c'est aussi faire le point sur qui l'on connaît. Pour l'effectuation, un projet viable doit susciter l'adhésion d'un nombre croissant de parties prenantes et créer ainsi une dynamique sociale. L'idée est de ne surtout pas rester seul derrière son écran d'ordinateur en pensant que ça va marcher. Il faut se confronter physiquement au monde extérieur.


Passons maintenant au second pilier qui est : "Que puis-je perdre au pire". Ici, il n'est pas question de perdre du temps à estimer précisément les gains possibles mais bien les pertes possibles. A chaque étape de développement de son entreprise, il est important de définir quelle est sa perte acceptable. Par exemple, cela peut être de se dire : "ok, je lance mon activité, j'accepte de ne pas gagner d'argent pendant deux ans pour faire de la trésorerie". Cette perte acceptable peut être évaluée en termes de temps, d'argent ou même de statut social. Une fois que cet exercice (un peu douloureux parfois) est fait de manière objective, cela permet concrètement de libérer de la charge mentale et de passer plus facilement à l'action.


3ème pilier : "Obtenir des engagements". Il y a une grande différence entre obtenir des encouragements et obtenir des engagements. Dans le premier cas, c'est une source de motivation qui nous aide à avancer et à persévérer. Dans le second cas, cela va beaucoup plus loin car une personne ou une entreprise qui s'engage avec nous devient partie prenante. Elle apporte ainsi un moyen supplémentaire et consolide notre projet. Comme dit précédemment, il est vital de construire son projet avec les autres. Il ne faut pas hésiter à régulièrement parler de son entreprise et à demander de l'aide dès que l'occasion se présente.


Le 4ème pilier a pour objectif de "tirer parti des surprises", qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Les surprises sont des occasions de se remettre en question. Personne ne sait de quoi demain sera fait. Il faut apprendre à faire face à l'incertitude dans son entreprise comme dans la vie. Et comme le disait si bien Nelson Mandela : "Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends." Donc, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer les opportunités au seul risque d'échouer. Il faut savoir les saisir dès qu'elles se présentent même si elles ne correspondent pas tout à fait à ce à quoi on s'attendait au départ. Ne perdons pas de temps à nous protéger sans cesse.


Pour le 5ème et dernier pilier, il va s'agir de "créer le contexte". « L’entrepreneur n’est pas celui qui prédit l’avenir mais celui qui le construit », nous dit Philippe Silberzahn. Parce que rien est écrit à l'avance, il faut sortir de ses propres schémas mentaux. Mieux vaut regarder le monde qui nous entoure comme nous voudrions qu'il soit plutôt que comme nous pensons qu'il est. Cela ne veut pas dire qu'il faut se voiler la face mais qu'il faut rester ouvert au champ des possibles pour créer quelque chose de nouveau. Osons remettre en cause le statu quo. Ne jamais se dire que l'on a toujours fait comme cela, que ce n'est pas le bon moment pour se lancer ou que c'est impossible.

 


Chez GoMentora, nous aimons l’effectuation


En conclusion, chez GoMentora, nous aimons l'effectuation car c'est une façon d'entreprendre qui est accessible à tous les porteurs de projet. Elle permet de se lancer quelque soit ses moyens, ses compétences, sa façon d'être ou son idée. Elle nous apprend que rien n'est figé, qu'il n'y a pas une façon de faire préétablie pour entreprendre. Elle est rassurante car elle nous questionne sur ce que l'on est prêt à perdre plutôt qu'à y gagner. Le business plan n'est pas une nécessité absolue. Enfin, elle nous invite plutôt à composer au jour le jour et à privilégier l'action à la réflexion !